Elles sont nombreuses les femmes qui sont parvenues à s’imposer dans des domaines que les hommes considèrent comme leur chasse-gardé. Lydia Nsekera représente dignement ces femmes qui se sont faites un nom, pas parce qu’elles sont des femmes, mais parce qu’elles sont capables d’égaler les hommes et parfois même de les surpasser. Au-delà de ce personnage charismatique du monde sportif, découvrez la personne de cette dame d’une simplicité exemplaire
Article écrit par Parfait Nzeyimana pour le compte du journal Burundi Eco, le 08 mars 2019
Lydia Nsekera est née le 20 avril 1967 à Bujumbura. Elle fait ses études primaires au Stella Matutina avant de continuer l’école secondaire au Lycée Clarté Notre Dame de Vugizo qu’elle quitte parce qu’elle ne voulait pas devenir none à la place de sa tante maternelle qui venait de décéder. Elle termine l’école secondaire au Lycée du Saint Esprit et fait la faculté d’Economie à l’Université du Burundi. Elle travaille ensuite dans une entreprise de commercialisation des produits pétroliers qu’elle quitte pour rejoindre la Brarudi en tant qu’auditeur interne en 1994. De ce passage à la Brarudi, elle gardera un sens aigu du travail et de la rigueur qui lui sera très utile pour la suite de sa carrière. Un bon matin, Lydia l’indomptable démissionne de la Brarudi en 2001 pour se consacrer à la gestion du garage de son mari qui était entretemps tombé malade. C’est ce garage qui est son gagne-pain jusqu’à maintenant, bien sûr à côté de ses activités dans le domaine sportif. Actuellement, elle est présidente du Comité National Olympique (CNO) et membre du Comité Exécutif de la FIFA (devenu conseil de la FIFA depuis 2016).
La fibre sportive, elle la tient de son père
Mme Nsekera a baigné dans le sport depuis son enfance. Son père Serges Rwavyuma était propriétaire de l’équipe de football Burundi Sport Dynamique alors que sa mère pratiquait le volleyball. Dans les années 1972, quand le pays était en pleine crise, elle se rappelle que son père a amené les joueurs dormir à la maison pour les protéger. Plus tard, en 1977, son père est incarcéré. Il lui écrit alors une lettre pour lui demander de veiller sur ses frères. Cette lettre, elle la garde encore près de son lit. Il passera tout le règne de Bagaza dans les geôles de Mpimba. Elle lui apportait régulièrement Jeune Afrique et d’autres journaux à Mpimba, partageant quelques moments de lecture et de convivialité qui ont forgé sa personnalité. Leurs conversations tournaient essentiellement autour du football pour éviter de parler des choses douloureuses. Ils parlaient aussi de l’histoire du Burundi. Elle pense encore à son oncle maternel Herménégilde Baranyanka alias Poupous qui vient de disparaître. Il était un grand fan du Brésil de Garincha. Elle avait des discussions très animées avec lui parce qu’elle était plutôt fan de l’Allemagne de Rummenigge. A l’université, celle qui jouait plutôt au basket dans sa jeunesse séchait souvent ses cours pour assister à un bon match de football.
C’est son mari qui lui a mis le pied à l’étrier
De tempérament plutôt calme, Mme Nsekera ne s’emporte que devant un match de foot. Elle cassait tellement les pieds à son mari que ce dernier décida un jour de lui trouver un endroit où elle pourrait crier autant qu’elle veut avec des gens qui partagent sa passion. Le beau-frère n’étant autre que Léopold Gisage, le président de la FFB de l’époque, elle rejoint cette institution pour s’occuper du football féminin. Le 1er jour est extrêmement délicat. La plupart des gens parlaient le Swahili, langue dont elle ne comprenait aucun mot. Ils parlaient également des histoires bizarres de sorcellerie et de pouvoirs occultes. Le soir, quand son mari lui demande comment a été la 1ère journée, elle lui répond que tout devrait bien marcher, mais qu’il va falloir apprendre le Swahili. Cela ne devrait pas être compliqué vu que tous les employés du garage de son mari parlaient tous cette langue. Pour les histoires d’envoûtement et de sorcellerie, elle décida tout bonnement de les ignorer. Si elle est parvenue à persévérer c’est parce qu’elle avait une vraie passion pour le sport.
Lire la suite « Lydia Nsekera, sportive dans l’âme »